Cela dépend de chacun, car tout le monde est capable de répondre à cette question : où suis-je le mieux pour faire mon travail le mieux possible ?
Hier soir, j’assistais à un dîner et très vite, juste après « J’en peux plus du masque » et « Tu crois qu’ils vont nous reconfiner ? », la conversation a porté sur le télétravail.
T, cadre d’une entreprise internationale, raconte à quel point il en est heureux depuis qu’il peut faire du télétravail. Son entreprise ayant laissé le choix aux équipes, il s’est dit qu’aller au bureau uniquement pour y faire des réunions Zoom n’avait vraiment aucun intérêt : « Autant être chez moi, à participer aux mêmes réunions ».
JP, patron de PME, lui, déteste le télétravail. Pendant le confinement, il est allé tous les jours au bureau. Il déteste les réunions Zoom car, explique-t-il, cela lui fait perdre « toute la partie physique de l’interaction, toute notre humanité ». Ceci étant, son système informatique et certaines contraintes techniques l’obligent à être présent sur place par moments.
Qui a tort ? Qui a raison ? Qui « vit avec son temps » et qui est un « affreux rétrograde » ? Qui est l’archétype du « geek » et qui est un « bienveillant tourné vers l’autre »?
J’ai le sentiment que cette différence d’approche cache en fait une même réalité, celle de l’envie des collaborateurs.Et pour le manager, le chef d’entreprise : comment faire pour rester motivé, performant, et faire en sorte que mes équipes le restent elles aussi, surtout en ces temps plus que troublés, tant d’un point de vue économique que sanitaire ?
Quelle est la bonne attitude ? La bonne règle à adopter ou à faire adopter ?
Quatre axes de réflexion sur le télétravail
- Déjà, il me paraît intéressant de tenter de démêler ses propres motivations et ses propres freins : si je suis chez moi, je ne parviens pas à travailler ou, à l’inverse, je travaille mieux ? Dans les deux situations, je présuppose qu’il en est de même pour tous mes collaborateurs. Mais est-ce vraiment le cas ?
- Partir du principe que, dans la grande majorité des cas, les gens ont envie de bien faire leur travail et que ce sont plutôt des éléments extérieurs (démotivation, vexations, frustrations… en bref, le contexte) qui amèneront le collaborateur à en faire le moins possible ou en tout cas, à ne pas donner la pleine mesure de son potentiel.
- Considérer mes collaborateurs comme des adultes capables de déterminer eux-mêmes là où ils sont le mieux pour effectuer la tâche qu’ils ont à accomplir (cela signifie, par effet ricochet, que la tâche qui leur est attribuée est claire et porteuse de sens !)
- De quoi ai-je réellement besoin pour me sentir bien et sentir que mon équipe/entreprise fonctionne ? Parler aux gens tous les jours ? De compte rendus réguliers ? De quels types ?
L’attitude managériale la plus efficace et la plus sécurisante, me semble être celle qui dit «La règle, c’est qu’il n’y en a pas ».
Cela peut paraître contre-intuitif car quoi de plus rassurant que d’édicter ou de suivre une règle, quitte à la critiquer et à la suivre de mauvaise grâce ? Mais, dans une période où les organisations doivent faire face à d’importants challenges économiques, il me paraît essentiel de ne pas re-perturber les équipes en les obligeant à adopter un mode de fonctionnement qui ne leur convient pas.
Mai 2021, auteur Muriel Ponsolle, business coach